La gestion du phénomène

Mis à jour le 30/05/2018

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13. Quelles mesures de gestion mises en oeuvre au niveau local ?

Les interventions des services de l’Etat s’articulent sous la coordination du Préfet, autour des axes suivants :
• L’ARS mesure l’exposition de la population, assure la surveillance sanitaire et la communication à destination du grand public, et des professionnels de santé.
• La Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) assure la veille scientifique, le suivi cartographique des échouages, participe au développement de solutions techniques mécanisées pour le ramassage, accompagne sur le plan méthodologique et technique les municipalités et collectivités dans la gestion de la collecte des algues et de leur évacuation.

14. Comment est organisé le suivi des concentrations de H2S ?

En lien avec le Préfet de Martinique, l’ARS Martinique a été chargée de mettre en place, avec le soutien de Madininair, un réseau de surveillance des concentrations en hydrogène sulfuré et ammoniac dans les zones urbanisées impactées par l’échouage de ces algues. Ce réseau mis en place depuis septembre 2015, est financé par des fonds issus de l’ADEME, de la CTM, de l’ARS, de l’Espace Sud et de Cap Nord. Il permet un suivi en temps réel et en continu des concentrations en H2S et NH3.
Ce réseau géré au quotidien par Madininair répond aux besoins des partenaires en termes d’amélioration des connaissances sur les concentrations en H2S et sur l’évaluation de l’impact sanitaire associé.
Actuellement, le réseau dispose de 15 capteurs installés et répartis sur les zones les plus impactées. Les sites ont été définis par l’ARS Martinique en fonction des plaintes des riverains et des besoins. Ces derniers sont des habitations ou des écoles.
Dans l’une des stations de mesure fixe, Madininair dispose d’un analyseur automatique H2S installé depuis octobre 2015, dans la station urbaine du Robert. Cette mesure en continu et en temps réel est une mesure fixe intégrée dans le réseau de surveillance de la qualité de l’air en Martinique.
Ces capteurs peuvent être déplacés facilement sur des sites sécurisés et disposant du réseau GPRS. Ce réseau peut donc répondre à l’urgence pour mesurer les concentrations en H2S, suivant les besoins.
Les 3 objectifs majeurs de ce réseau de capteurs sont les suivants :
- Estimer l’exposition de la population proche des zones d’échouage- Permettre aux décideurs de déterminer les zones de ramassage prioritaires
- Alerter les autorités dès lors que les concentrations approchent de 1ppm pour mieux anticiper le phénomène
En complément du réseau de mesure assuré par les dispositifs Cairpol, des appareils Dräger X-am 5000 peuvent être utilisés pour mesurer les concentrations en hydrogène sulfuré et ammoniac. Ces dispositifs peuvent, par exemple, être utilisés pour baliser une zone lors d’épisodes d’échouage massifs et ainsi d’évaluer potentiellement la dispersion du phénomène. Elles peuvent aussi être installées en intérieur.

15. Comment est organisée la surveillance sanitaire ?

La surveillance sanitaire est organisée en Martinique à travers le réseau de médecins sentinelles qui peut être renforcé en cas de besoin selon les communes impactées par les échouages.
Les médecins sentinelles ont été destinataires d’une conduite à tenir et transmettent de manière hebdomadaire le nombre de consultations pouvant être liées à une exposition à l’H2S ou aux sargasses. Il existe par ailleurs une procédure de signalement des cas graves à partir des services d’urgences des hôpitaux, du SAMU ou SOS Médecins.
Un suivi de toutes les déclarations spontanées de particuliers ou autres professionnels de santé est également assuré dans les ARS, et il est régulièrement rappelé à l’ensemble des médecins généralistes des communes exposées à ce risque, de déclarer à l’ARS tout évènement en lien avec cette problématique sur les téléphones des Plateformes.

16. Qui organise le ramassage des algues sargasses ?

Le ramassage régulier de ces algues permet d’éviter tout trouble sanitaire des populations riveraines, de réduire l’impact sur les activités nautiques, et de limiter les conséquences en matière de fréquentation des plages.
Le ramassage sur le littoral est de la compétence des maires dans le cadre de leurs pouvoirs de police générale au titre de la salubrité. Un certain nombre d’actions ont été réalisées en partenariat avec les communautés de communes, le conseil général et régional et l’ADEME.
Pour les accompagner et les soutenir, les Préfectures procèdent à l’information des maires, appuient les communes en terme d’assistance technique, d’investissement et d’éventuels renforts en moyens humains en lien avec les autres collectivités et travaillent à la définition d’une politique de prise en charge de cette problématique sur le long terme. Des moyens aériens de l’Etat sont également mobilisés pour des reconnaissances permettant de cartographier le phénomène et de suivre son évolution et identifier les sites les plus exposés. Des machines et techniques innovantes de collecte sont également développées et testées pour améliorer la performance du ramassage sur les plages ou en mer.

17. Les différents appels à projets et appel à manifestation d’intérêt en Martinique en 2015 et 2016 ont permis de subventionner un panel de projets portant sur la réalisation d’essais de collecte et de valorisation des algues. Lesquels ?

L’ADEME, en concertation avec les collectivités et services de l’Etat s’implique sur quatre axes. En 2016 c’est près de 4.7 M€ qui ont été engagés sur le sujet. Auxquels s’ajoutent indirectement 4.9 M€ d’investissement dans des structures de valorisation pouvant accepter également des Sargasses.
Ces axes sont :

1. Participer à l’acquisition de connaissances des origines du phénomène.
Soutien de l’ADEME (de la CTM et de la DEAL Direction de l'Environnement de l'Aménagement et du Logement Guadeloupe) sur une étude de croisement des données de courantologie et données satellites portée par l’Observatoire du Milieu Marin Martiniquais.

2. Favoriser le développement de techniques de collectes adaptées aux littoraux antillais.
Les différents AAP et AMI en Martinique et en Guadeloupe en 2015 et 2016 ont permis de subventionner un panel de projets portant sur la réalisation d’essais de collecte et de valorisation des algues.
Les projets de collecte concernent un panel varié de méthodes adaptées à la diversité des échouages et énumérés ci-dessous. L’ensemble de ces essais sont évalués par un bureau d’études mandaté par l’ADEME. L’étude est en cours.

A ce jour, des fiches de synthèse sur le ratisseur, le godet griffe et les brigades vertes ont été rédigées.
2 projets de ramassage sur plage permettant de limiter les impacts (tassement du sol, érosion):
- Un tracteur avec divers outils de ramassage (ratisseur, godet-griffe, râteau goémonier) de l’entreprise martiniquaise SEEN. Le ratisseur et le godet griffe ont déjà été testés sur plusieurs sites et permettent de s’adapter à différentes configurations de plage.
- Un prototype de ramasseur de plage avec stockage (constructeur du Nord de la France, Axinor). L’étude de conception a été réalisée, la machine a été testée en Martinique en Juillet 2017 et semble prometteuse pour le développement d’un nouvel engin spécialement adapté aux différents sites d’échouage martiniquais.

2 projets de ramassage en mer à faible profondeur :
- Un porte-outil amphibie de l’entreprise martiniquaise SDTP. Celui-ci a déjà été expérimenté plusieurs fois. Il est bien adapté pour les fonds de baie accessibles.
- Un système de filet tracté depuis le rivage de l’entreprise martiniquaise DNS. Un premier essai a révélé certaines contraintes, la technique va être amenée à évoluer.

2 projets de collecte en mer :
- Conception et construction d’une barge de collecte.
- Pompage d’algues en fond de baie à l’aide d’un amphibie, par l’entreprise Energis Nautic Service.

2 projets de ramassage manuel :
- Les brigades vertes du Sud et du Nord, pourvoyeuses d’emplois. Les deux dossiers déposés ont représenté un investissement d’un million d’euros. L’ADEME a apporte un financement global de 728 000 euros uniquement sur le matériel. Les interventions des brigades vertes intercommunales se sont développées progressivement depuis juillet 2015 pour atteindre 87 employés sur la collecte de sargasses et le nettoyage des plages et espaces naturels. Le retour d’expérience reste satisfaisant. Ces projets sont plus lents à se mettre en place, des études de faisabilité devant être réalisées et les investissements étant plus conséquents. La collecte en mer resterait le plus efficace pour éviter l’échouage sur les sites difficiles à collecter.

2 projets de mise en place de barrages anti-pollution, en déviation vers des sites de collecte plus aisés à atteindre.
- Comme évoqué plus haut, un premier test a été réalisé au Marigot.
- Une étude de faisabilité est en cours pour l’implantation d’un barrage (1200 ml) dans la baie du Robert.

3. Identifier des moyens de valorisation
Les enjeux :
- Assurer des exutoires immédiats aux normes pour les sargasses collectées
- Développer des process de valorisation tenant compte du caractère aléatoire de la ressource
- Identifier les potentiels de valorisation sur le long terme permettant de dégager une économie de la sargasse et entrer dans une dynamique d’économie circulaire.
90% des algues collectées sont actuellement stockées sans valorisation. La stratégie actuelle de l’ADEME est de privilégier les solutions permettant de traiter de gros volumes à court terme, en améliorant les unités de traitement existantes. Des études de valorisation sont en cours.

4. Participer à la mise en place d’un dispositif d’étude des dégagements de H2S
Mise en place d’un réseau de capteurs permanents (H2S, NH3) sur le littoral, piloté par l’association Madininair avec l’aide de l’ADEME et la CTM. A ce jour, un réseau de 13 capteurs transmettant des mesures en continu est fonctionnel.

18.Où en est-on en matière de valorisation des algues ?

Dans le cadre des appels à projets de l’ADEME, plusieurs filières de valorisation ont été expérimentées (épandage, compostage, agroalimentaire, énergétique, pharmaceutique,…). A ce jour, la seule filière de valorisation possible sur l’ile est le compostage. L’algue est intégrée à moins de 30% dans le mélange.

19.Comment sont définies les zones de ramassages ?

Le ramassage se fait en fonction :
- de la disponibilité notamment des engins nautiques ( type Truxor, il existe seulement deux engins de ce type et parfois leur maintenance est nécessaire).
- de l'accessibilité des sites : la mise en place de plusieurs engins sur un même site n'est pas possible.
- des conditions climatiques : la pluie rend le sol trop boueux pour intervenir.
- des demandes des mairies.

20.Que devient l'engin Axinor qui a été expérimenté en avril 2018 ?

L’engin AXINOR est un prototype fabriqué en métropole et importé en Martinique par un constructeur, dans le cadre des appels à projets de l’ADEME. Les expérimentations reprendront dès la mi-juin afin de terminer l’évaluation de l’engin et d’en concevoir un nouveau encore plus adapté à la collecte sur plage sur des sites moins accessibles. A ce jour, malgré des résultats encourageants, la machine n’a pas trouvé d’acquéreur.