Perte du AAA : qui sont les coupables ?

Mis à jour le 16/01/2012
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À entendre la gauche, Nicolas Sarkozy est le seul responsable de la perte du triple A. À écouter la droite, la crise est uniquement à l'origine de cette « dégradation ». La vérité se situe sans doute entre les deux. Des mesures à la justification économique douteuse ont accru la dette. Mais pas à hauteur des 600 milliards supplémentaires enregistrés depuis cinq ans.

À l'issue d'une journée de manifestation, Maurice Thorez (secrétaire général du Parti communiste) aurait dit, à propos du comptage des manifestants : « Il y a la statistique arithmétique, et il y a la statistique politique. »

S'agissant de la situation financière de la France, de son endettement, la statistique politique, campagne électorale oblige, occupe tout le terrain, ou presque. La « dégradation » de la notation de la dette publique française est bien sûr un coup dur pour Nicolas Sarkozy. Ne serait-ce que parce qu'il a tout fait pour l'éviter, jusqu'à ces dernières semaines, assimilant même le triple A à un « trésor national ». Pour autant, le président sortant est-il entièrement responsable de la décision de Standard & Poor's ? À entendre le PS, c'est évident. Le trou de la dette, c'est lui qui l'a creusé, dès son arrivée aux affaires, avec la loi Tepa, le bouclier fiscal...

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À droite, on insistera au contraire sur les réformes entreprises, aussi bien pour dégager des économies dans la sphère publique que pour soutenir la croissance. Sarkozy aurait fait le maximum, la dégradation, c'est la faute à la crise, uniquement, affirme-t-on au sein de l'actuelle majorité. Comme par hasard, la vérité se situe sans doute entre les deux. Sans pousser outre mesure la caricature, à écouter d'une oreille distraite le discours de la gauche, on peut penser que le bouclier fiscal et les autres cadeaux aux riches faits depuis 2007 sont responsables de presque toute la dette accumulée au cours de ce quinquennat, soit près de 600 milliards d'euros (la dette publique était de 1.188 milliards d'euros en mars 2007, elle dépassera 1.750 milliards à la mi-2011). Une dette qui est bel et bien à l'origine de la décision de « dégrader » la France.