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Mis à jour le 16/03/2016

Il a commencé à faire des travaux de couture à l'âge de 17 ans. 39 ans après, il est heureux d'en avoir fait son activité professionnelle.

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MÉTIERS

Éric Piton au sommet de son art

Christian Tinaugus Mercredi 16 mars 2016Il fait presque parler l'une de ses 7 « Singer » à coups de pédale, avec une facilité traduisant une expérience de plusieurs années. De son atelier de la rue Victor-Hugo au Lamentin, Éric Piton, tailleur - retoucheur - confectionneur, voue une passion sans faille à son métier. La fidélité de ses clients lui donne raison : la plupart d'entre eux l'ont suivi depuis son déménagement de son local de Fort-de- France, preuve de son gros indice de sympathie auprès de ceux qui ont ouvert sa porte d'entrée mais aussi de la qualité de son travail tout simplement. Cette compétence, il la doit à un jeune maître tailleur, très épris de coupes modernes, qui a formé d'autres comme lui. « J'avais un autre métier en tête, se souvient- il, c'était la mécanique auto. Je devais faire un choix, ma soeur était convaincue que c'était ma vocation car j'ai toujours aimé m'habiller, elle m'a donc encouragé à me diriger vers cette branche » .UNE SOLUTION À TOUTC'est non loin du marché de l'Asile que ce Haïtien quinquagénaire a commencé à exercer en Martinique. Une affaire qu'il a montée avec ses fonds personnels.« J'ai dû quitter l'atelier de Fort-de-France après Dean. La maison coulait de toutes parts. Je risquais de perdre mon matériel. J'ai cherché un local sur Fort-de-France et je n'ai pas trouvé. J'ai dû prospecter au Lamentin et je ne le regrette pas » .Aujourd'hui, derrière la vitrine, il est aisé de l'apercevoir en train de faire presque parler l'une de ses 7 machines « Singer » (dont chacune a son rôle), à coups de pédales, les yeux fixés sur l'ouvrage à restaurer ou à confectionner et faire évoluer l'aiguille sur le tissu avec une facilité traduisant une expérience de plusieurs années. Un accroc au pantalon, un ourlet de jean, une taille de chemise à réduire : avec Éric Piton, aucune mission n'est impossible, l'homme cherche une solution en rendant le travail le plus proche de l'original.LES FARCEURS, PLUTÔT LES CLIENTS...Son regard sur la profession ? « C'est un métier difficile, contrairement à ce qu'on pense. On n'est pas au soleil, on ne transpire pas, mais ce n'est pas rose tous les jours. Entre le loyer, l'eau et l'électricité, les charges sont considérables. Alors, il travaille sans relâche, presque jour et nuit, tous les jours de la semaine, excepté le dimanche qu'il consacre « au Seigneur » .

Les artisans ont la réputation d'être de sacrés « farceurs » , idée fausse ou réalité ? « Que dire alors, des clients! » rétorque-t-il. Souvent ils nous demandent de travailler pour le lendemain et puis vous les voyez quinze jours après. On pense avoir une rentrée d'argent, on travaille et puis on doit attendre. Et de plus en plus, ils abandonnent le vêtement... » , complète ce gros travailleur qui ne compte pas ses heures. Lavi artis rèd, celle d'artisan n'est pas toujours aisée non plus...